Bretagne : bol d’air à l’ammoniac

par | 13 06 2021

La Bretagne est dans le rouge. Avec sa concentration exceptionnelle d’élevages intensifs, elle est la première région émettrice d’ammoniac de France. Un gaz qui contribue à la formation de particules fines dans l’air, deuxième cause de mortalité évitable dans le pays. Les risques sanitaires inquiètent de plus en plus, et des catastrophes écologiques sont déjà bien visibles. Pourtant, la Bretagne va dans le sens inverse des directives européennes. La pollution à l’ammoniac pourrait encore s’aggraver. En cause : la quête de rentabilité, quitte, pour certains industriels, à outrepasser les lois.

La Bretagne, première région émettrice d’ammoniac en France

La Bretagne est la première région émettrice d’ammoniac en France. Chaque cercle correspond aux émissions déclarées en 2019 par les exploitations agricoles et les usines soumises à la directive relative aux émissions industrielles (IED).

Pour les exploitations agricoles (95 %), seuls les porcheries de plus de 2 000 têtes et les poulaillers de plus de 40 000 emplacements sont concernés, pas les élevages bovins. Les données sont donc partielles, certaines émissions n’apparaissent pas sur notre carte : celles des exploitations moins grandes et celles qui rejettent moins de 10 tonnes d’ammoniac par an (le seuil déclaratif). Et, comme le montre notre enquête, certains industriels ne respectent pas leur obligation de déclaration.

Le groupe chimique norvégien Yara, qui exploite une usine d’engrais à Montoir-de-Bretagne (44), ne figure pas sur la carte. En 2019, Yara a déclaré 0 tonne d’ammoniac pour ce site. Pourtant, entre 2003 et 2018, il a émis 161,8 tonnes en moyenne chaque année, soit bien plus que les plus grands émetteurs figurant sur la carte.

Les émissions sont aussi présentées à l’échelle des intercommunalités. Ici, les données proviennent du recensement agricole et comprennent les émissions dues aux engrais organiques (lisier, fumier) et minéraux (ammonitrate).

La moyenne des données du système de surveillance atmosphérique Copernicus du 15 mars au 15 avril 2020 révèlent les zones où la concentration de l’ammoniac dans l’air était la plus forte. Cette période correspond à un pic de pollution attribué aux épandages qui avait nécessité le déclenchement d’une alerte aux particules fines, en plein confinement.

Volet 1 – La Bretagne, malade de l’ammoniac

Volet 2 – Industriels et collectivités roulent plein gaz pour l’ammoniac

Volet 3 – Les engrais azotés polluent l’air des Malouins

Télécharger le pack d’affiches (pdf)

Télécharger l’enquête en livret (pdf)

Notre démarche, notre raison d’être

Face aux catastrophes écologiques qui obscurcissent la perspective d’un avenir désirable, nous croyons à un journalisme d’intervention qui contribue à l’amélioration des pratiques. Aux citoyennes et citoyens de se saisir de ces informations d’intérêt public pour demander des comptes à leurs représentant·es élu·es.

Cette enquête au long cours débutée en septembre 2020 a été réalisé par la journaliste Caroline Trouillet. Elle a été accompagnée par le comité éditorial composé de Juliette Cabaço-Roger, Faustine Sternberg, Gwenvaël Delanoë, Sylvain Ernault et Kristen Falc’hon, qui interviennent ici à titre bénévole. Pierre Corbin est l’auteur des cartographies. Tudual Karluer a traduit les textes en breton. Les articles et documents sont mis à la disposition du public gratuitement grâce à nos partenaires Mediapart, France 3 Bretagne, le réseau Radio Breizh (en breton) Le Peuple Breton (en breton). Splann ! remercie son parrain Disclose et sa marraine Inès Léraud, pour leurs conseils et leur soutien.

Ce travail a été entièrement financé par des dons, versés à 92 % par des particuliers et à 8 % par des associations, au premier rang desquelles Les Amis de La Terre. En date du 14 juin, Splann ! avait collecté plus de 71.000 € grâce au financement participatif via la plateforme HelloAsso, nous assurant de produire plusieurs autres enquêtes ambitieuses, en français et breton. Plus importants contributeurs, Les Amis de la Terre a versé 3.000 € et BDZH a distribué les 1.700 € lui restant après dissolution.

Splann ! ne veut recevoir ni subvention ni mécénat d’entreprise, par souci d’indépendance. De plus, aucune fondation ne peut verser plus de 10 % du budget annuel de l’association. Aucune intervention éditoriale des donateurs n’est admise.

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