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Crééé en 1964 à Lamballe, la Cooperl est aujourd’hui bien loin du petit groupement de 25 éleveurs des origines. Devenue une multinationale du porc, la…
L’ammoniac est un gaz issu majoritairement des activités agricoles et précurseur de particules fines, deuxième cause de mortalité évitable dans le pays. La Bretagne est la première région émettrice d’ammoniac en France et l’une des premières à l’échelle européenne. Un triste palmarès qui s’explique par la forte concentration d’élevages industriels.
Lorsqu’on observe l’évolution de la carte, il n’est pas difficile de se rendre compte que la situation n’a pas beaucoup évolué. Les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) à avoir diminué leurs émissions entre 2016 et 2020 sont rares, alors que plusieurs sont passés à un rouge plus foncé.
C’est le cas de la région de Rennes, sur des communes comme Fougères ou Vitré où l’on peut observer une multiplication des élevages, notamment porcins, faisant inévitablement grimper les émissions d’ammoniac. Même son de cloche du côté de Dinan, région voisine de celle de Lamballe, reine de l’élevage porcin, et siège de la Cooperl. Dans le Finistère, le pays de Landerneau s’est également mis au rouge. À noter que le nord du département compte la plus grande concentration d’élevages porcins en France.
La communauté de communes du pays de Landivisiau est d’ailleurs l’EPCI le plus émetteur et largement en tête avec 646,3 tonnes d’ammoniac, suivie de Morlaix Communauté (349,1 tonnes), Loudéac Communauté–Bretagne Centre (348,7 tonnes), Lamballe Terre et Mer (315,4 tonnes) et Pleyben-Châteaulin-Porzay (306,1 tonnes).
Autre changement notable : à Caro, dans le Morbihan, le rond correspondant aux émissions de la SARL avicole du sous-bois – société qui possède par ailleurs plusieurs sites – saute aux yeux. Absente de notre précédente carte, l’exploitation a doublé ses émissions d’ammoniac entre 2018 et 2022. Sans compter que d’autres élevages industriels sont également présents dans la commune, aggravant la pollution à cause du cumul des émissions.
Cette carte reste partielle : seules les exploitations agricoles les plus grosses sont tenues de déclarer leurs émissions et certains industriels ne respectent pas cette obligation. C’est le cas de la Timac Agro, filiale du géant des fertilisants Roullier, qui produit des engrais azotés sur le port de Saint-Malo (35). Alors que le site apparaissait dans notre première carte et représentait un des plus gros émetteurs, il a disparu lors de notre actualisation. Ce qui veut donc dire que l’entreprise a décidé de ne plus déclarer ses émissions d’ammoniac, alors même qu’elle a été condamnée pour pollution en mars 2024.
À l’inverse, l’usine d’engrais de Montoir-de-Bretagne (44), Yara, est réapparue dans nos radars, mais affichant des émissions assez faibles par rapport à ses déclarations précédentes. En 20 ans, l’usine aura émis 2.748 tonnes d’ammoniac ! Hormis la présence de l’usine de fabrication de biscuits Mondelez, qui représente un des plus gros émetteurs d’ammoniac, le bassin de Nantes et de Saint-Nazaire apparaît comme l’un des plus épargnés. Pourtant, notre dernière enquête montre bien à quel point la région est touchée par les pollutions industrielles.
En 2021, nous avions publié une enquête en plusieurs volets consacrée à cette pollution de l’air à l’ammoniac, ainsi qu’une cartographie inédite qui permet de visualiser les émissions d’ammoniac par EPCI. Nous avons actualisé cette carte avec les émissions déclarées en 2020 pour les collectivités et en 2022 pour les exploitations. Vous pouvez donc zoomer sur votre commune pour connaître ses taux d’émission, ainsi que les principales exploitations pollueuses.
Lire notre enquête « Bol d’air à l’ammoniac »
Lire notre enquête « Bol d’air à l’ammoniac »