La Bretagne est dans le rouge. Avec sa concentration exceptionnelle d’élevages intensifs, elle est la première région émettrice d’ammoniac de France. Un gaz qui contribue à la formation de particules fines dans l’air, deuxième cause de mortalité évitable dans le pays.
Les risques sanitaires inquiètent de plus en plus, et des catastrophes écologiques sont déjà bien visibles. Pourtant, la Bretagne va dans le sens inverse des directives européennes. La pollution à l’ammoniac pourrait encore s’aggraver. En cause : la quête de rentabilité, quitte, pour certains industriels, à outrepasser les lois.
La Bretagne, première région émettrice d’ammoniac en France
La Bretagne est la première région émettrice d’ammoniac en France. Chaque cercle correspond aux émissions déclarées en 2022 par les exploitations agricoles et les usines soumises à la directive relative aux émissions industrielles (IED). Ces données ont été actualisées en 2024.
Pour les exploitations agricoles (95 %), seules les porcheries de plus de 2.000 têtes et les poulaillers de plus de 40.000 emplacements sont concernés, pas les élevages bovins. Les données sont donc partielles, certaines émissions n’apparaissent pas sur notre carte : celles des exploitations moins grandes et celles qui rejettent moins de 10 tonnes d’ammoniac par an (le seuil déclaratif). Et, comme le montre notre enquête, certains industriels ne respectent pas leur obligation de déclaration.
Le groupe chimique norvégien Yara, qui exploite une usine d’engrais à Montoir-de-Bretagne (44), ne figure pas sur la carte. En 2019, Yara a déclaré zéro tonne d’ammoniac pour ce site. Pourtant, entre 2003 et 2018, il a émis 161,8 tonnes en moyenne chaque année, soit bien plus que les plus grands émetteurs figurant sur la carte. Lorsque nous avons effectué l’actualisation des données, nous avons pu voir que l’entreprise a déclaré 16 tonnes d’ammoniac en 2022.
Les émissions sont aussi présentées à l’échelle des intercommunalités. Ici, les données proviennent du recensement agricole et comprennent les émissions dues aux engrais organiques (lisier, fumier) et minéraux (ammonitrate).
La moyenne des données du système de surveillance atmosphérique Copernicus du 15 mars au 15 avril 2020 révèlent les zones où la concentration de l’ammoniac dans l’air était la plus forte. Cette période correspond à un pic de pollution attribué aux épandages qui avait nécessité le déclenchement d’une alerte aux particules fines, en plein confinement.