[Tribune] Solidaire d’Ariane Lavrilleux, « Splann ! » signe la tribune de l’Ofalp pour recenser les atteintes à la liberté de la presse
La Rédaction - 16 décembre 2024
« Splann ! » dresse un bilan inédit et détaillé de l’artificialisation des sols sur les côtes bretonnes. Notre enquête révèle comment les bétonneuses passent parfois…
Splann ! exprime sa pleine solidarité envers sa consœur et signe cette tribune de l’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse (Ofalp), dont plusieurs de ses membres ont participé à la fondation.
La liberté de la presse est un des piliers de notre démocratie. En France, cette liberté fondamentale bénéficie de nombreuses protections. Pourtant, même dans notre pays, elle est menacée. Procédures-bâillons, non-respect du secret des sources, gardes à vue, violences physiques, insultes, harcèlement en ligne, concentration des médias…
De la perquisition et garde à vue subie par Ariane Lavrilleux en septembre 2023 aux obstructions observées par l’ONU sur le chantier de l’A69 ; de la promesse d’une « balle dans la nuque » adressée à des dizaines de journalistes par le site d’extrême-droite « Réseau libre » aux cas de violences policières observés pendant les manifestations contre la réforme des retraites ; des journalistes sont empêchés d’accéder au terrain ou à des documents, sont poursuivis en justice de façon abusive, se voient saisir leur matériel ou, pire, sont perquisitionnés, placés en garde à vue, menacés, voire brutalisés.
Depuis plusieurs années, nous assistons, impuissants, à des faits préoccupants, parfois graves, d’attaques contre la liberté de la presse en France.
Ces pressions sur l’information sont perpétrées par une grande diversité d’acteurs : individus, entreprises, organisations politiques, collectivités locales, représentants de l’État. Nous avons le sentiment diffus d’une prolifération de ces entraves au travail des journalistes et craignons un rétrécissement systémique de la liberté de la presse. Mais nous manquons de données précises et exhaustives pour confirmer, objectiver et caractériser ce phénomène.
Si les cas les plus extrêmes sont le plus souvent médiatisés, ils ne représentent qu’une fraction de la réalité. La plupart des atteintes se font à bas bruit.
Or, chaque fois qu’un journaliste est empêché de faire son travail, c’est potentiellement une information, une révélation, une enquête qui n’arrivera pas jusqu’aux citoyens, sans qu’ils en aient jamais connaissance. Voilà pourquoi défendre la liberté de la presse n’est pas un combat corporatiste, mais doit être l’affaire de tous.
La première étape pour mettre fin à l’impuissance, c’est donc de briser ce silence et de faire connaître, de rendre publiques ces atteintes. Nous, journalistes, associations, médias, organisations syndicales, citoyennes et citoyens, soucieux d’une presse libre, avons décidé de nous doter d’un outil pour recenser, qualifier et vérifier les entraves à la liberté de la presse commises sur le territoire français, pour construire une base de données la plus exhaustive possible.
Ce nouvel outil, c’est l’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse.
L’Ofalp est une association loi 1901, indépendante et non partisane, constituée autour d’un conseil d’administration, de cinq coprésidents et d’une centaine d’adhérents à ce jour. Cet observatoire recensera à la fois les atteintes déjà rendues publiques, mais aussi celles restées dans l’ombre qui lui seront rapportées par son réseau de journalistes et d’organisations (syndicats, associations), ainsi qu’à terme par les victimes d’entraves elles-mêmes, via la création d’une plateforme sécurisée.
Chaque année, à partir du printemps 2025, nous publierons un rapport composé d’infographies et d’analyses écrites, qui sera une photographie de l’état de la liberté de la presse en France via les entraves subies par les journalistes. D’une année sur l’autre, à mesure que notre base de données grandira, nous serons en mesure de dire quels sont les types d’atteintes les plus fréquentes, s’il y a des types de journalistes plus ciblés que d’autres (selon la thématique traitée, leur genre, leur localisation…) ou s’il y a des auteurs d’atteintes plus représentés que d’autres (entreprises, autorités, citoyens…).
Ce rapport annuel n’existe pas encore en France, or c’est une arme essentielle qui manque dans le combat pour la défense de la liberté de la presse.
En produisant ces données chiffrées et ces analyses, l’Ofalp jouera un rôle de vigie dans le paysage médiatique français.
Nous, organisations, journalistes et citoyens membres ou soutiens de l’Ofalp, appelons solennellement les citoyennes et les citoyens à s’engager à nos côtés pour défendre leur droit à l’information.
Nous lançons donc un appel à tous les citoyens et aux dizaines de milliers de journalistes qui exercent en France hexagonale et dans les outre-mer, en les invitant à participer au mouvement.
En joignant leurs forces au sein de notre observatoire, journalistes et citoyens pourront renforcer la confiance mutuelle et protéger ce bien commun qu’est la liberté de la presse.
Pour soutenir l’Ofalp, voici trois actions concrètes que vous pouvez engager dès à présent :
Notre liberté d’informer, c’est votre droit de savoir.
Liste des signataires individuels à consulter sur le site de l’Ofalp