Démocratie environnementale : les travers du porc

par | 01 02 2023

Un dossier aussi sensible que symbolique revient sur le bureau du préfet du Finistère. Philippe Mahé demandera dans le courant de l’été l’avis du conseil départemental de l’environnement (Coderst) sur le dossier de la SARL Avel vor, à Landunvez. L’une des plus grandes porcheries de France, détenue par le président du comité régional porcin, pourrait franchir une étape décisive vers la régularisation de son agrandissement. Problème, après sept ans de péripéties judiciaires, les conclusions de l’enquête publique censées guider le choix des autorités apparaissent largement biaisées.

Le premier volet de cette enquête a été publié en juillet 2022 sur notre site ainsi que chez différents médias partenaires. La suite de ce volet, axé sur la problématique de l’eau, a été publié par Mediapart en novembre 2022, à l’initiative de nos deux journalistes, Inès Léraud et Kristen Falc’hon. Nous le reproduisons ici en libre accès.

À Landunvez, la porcherie géante s’approche d’une régularisation douteuse

À Landunvez, la méga-porcherie continuera de s’accaparer l’eau

Lire l’enquête en breton

Boîte noire

Au cours de notre enquête, nous avons contacté tous les acteurs clés de ce dossier. Malgré nos relances, l’éleveur Philippe Bizien, le commissaire-enquêteur Jacques Soubigou, le maire Landunvez Christophe Colin et la préfecture du Finistère ont refusé de répondre à nos questions. Manifestement, certains protagonistes choisissent leurs médias ou préfèrent se taire, au mépris du droit de savoir consubstantiel à la démocratie.

Vous pourrez télécharger ci-dessous les questions que nous leur avons envoyées.
Questions à Philippe Bizien, propriétaire de la SARL Avel vor
Questions à Jacques Soubigou, commissaire-enquêteur chargé de l’enquête publique sur la régularisation de l’élevage Avel vor
Questions à Christophe Colin, maire de Landunvez
Questions à la préfecture du Finistère

Avis d’élues passés à la trappe

Armelle Jaouen, conseillère communautaire du pays d’Iroise (défavorable au projet), et Pascale André, maire de Lanrivoaré (favorable), ont chacune déposé un avis en faisant valoir leur qualité d’élue lors de l’enquête publique sur la régularisation de l’élevage Avel vor, en 2022. Pourtant, Jacques Soubigou indique dans ses conclusions « qu’« aucun élu ou groupe politique » n’a pris part à la consultation.

« J’ai été très étonnée et énervée quand j’ai vu qu’il mentionnait qu’il n’y avait aucune contribution d’élu », réagit Armelle Jaouen, autrice d’un argumentaire d’une dizaine de pages. Interrogée également par Splann ! la première édile de Lanrivoaré admet découvrir la situation. Celle qui est aussi vice-présidente communautaire en charge de l’économie compte bien « poser des questions, pour essayer de comprendre la raison de cette absence ».

Notre démarche, notre raison d’être

Face aux catastrophes écologiques qui obscurcissent la perspective d’un avenir désirable, nous croyons à un journalisme d’intervention qui contribue à l’amélioration des pratiques. Aux citoyennes et citoyens de se saisir de ces informations d’intérêt public pour demander des comptes à leurs représentant·es élu·es.

Cette enquête a été réalisée par la journaliste Inès Léraud, spécialiste des questions agroalimentaires, co-autrice de la BD « Algues vertes, l’histoires interdites », et le documentariste et fils d’éleveur porcin Kristen Falc’hon. Elle a été accompagnée et mise en ligne par Faustine Sternberg et Sylvain Ernault, membres du comité éditorial bénévole de Splann !. Celui-ci comprend aussi Juliette Cabaço-Roger, Caroline Trouillet et Gwenvaël Delanoë. Riwanon Kallag a traduit les textes vers le breton. Donatien Huet de Mediapart est intervenu sur la mise en ligne de la cartographie. Greenpeace et l’APPCL nous ont accordé le droit d’utiliser librement leurs photos. Les articles et documents sont mis à la disposition du public gratuitement grâce à nos partenaires Mediapart, Reporterre, Actu.fr, Le Peuple Breton, Dispak et le réseau Radio Breizh.

Ce travail a été financé à 100 % par des particuliers, par chèque ou via la plateforme HelloAsso. Seuls vos dons nous permettront de financer de nouveaux dossiers. Ils ouvrent droit à une réduction fiscale.

Splann ! ne perçoit ni subvention des collectivités locales, ni mécénat d’entreprise, ni revenu publicitaire, par souci d’indépendance. De plus, aucune fondation ne peut verser plus de 10 % du budget annuel de l’association. Aucune intervention éditoriale des donateurs n’est admise.

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