Nous publions une nouvelle enquête ! Après leur zoom sur la porcherie Avel vor, à Landunvez (29), en juillet dernier, nos journalistes se sont penchés sur la commune de Plouvorn (29), capitale du porc industriel breton. Une enquête coproduite avec Mediapart.
Plouvorn, commune finistérienne de 2.900 habitants, est un symbole de l’intensification de l’élevage porcin. Avec ses 80.000 porcs, elle abrite 28 fois plus de cochons que d’habitants.
Les journalistes Kristen Falc’hon (Splann !) et Floriane Louison (Mediapart) ont enquêté sur les conséquences environnementales de cette concentration.
Plouvorn, capitale du porc industriel
80 % des élevages y sont des installations à risques pour l’environnement (classées ICPE),car elles dépassent les 2.000 animaux. La course au gigantisme ne s’arrête pas là : chaque année, ou presque, de nouvelles demandes d’extension sont déposées auprès des services de l’État.
Comme la ferme porcine de Calarnou, qui a demandé, en 2020, l’autorisation d’augmenter sa production par trois. Avec 45.600 porcs charcutier par an, elle deviendrait la deuxième plus grosse porcherie de France. Si le premier projet a été retoqué, nous révélons qu’un deuxième dossier est en cours de constitution.
S’il aboutissait, la future ferme produirait 13 piscines olympiques de déjections animales par an, soit 33.000 m³ de lisier.
Un environnement pollué
Plouvorn se révèle être la commune la plus émettrice d’ammoniac en Bretagne. Ce gaz, issu des déjections animales, contribue à la formation de particules fines dans l’air, deuxième cause de mortalité évitable dans le pays.
La commune connaît par ailleurs une grave crise de l’eau. La rivière de l’Horn est tellement polluée que son point de captage a été fermé en 2007. L’eau est donc prélevée dans un ruisseau, le Coatoulzac’h, dont le faible débit risque d’être insuffisant en période de sécheresse.
Plouvorn possède aussi un plan d’eau, où la baignade est régulièrement interdite, pour cause de prolifération des cyanobactéries et de contamination fécale.
Et un quotidien sous influence…
Le poids de l’élevage porcin se fait sentir dans le quotidien des habitants : élus sous pression, menaces sur des lanceurs d’alerte… Le porc s’immisce partout, du drapeau des supporters de l’équipe de foot jusqu’à la mairie.