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Crééé en 1964 à Lamballe, la Cooperl est aujourd’hui bien loin du petit groupement de 25 éleveurs des origines. Devenue une multinationale du porc, la…
Cet article est issu d’un grand entretien à retrouver en vidéo et en podcast sur vos plateformes habituelles.
Marie-Pascale Deleume représente l’association Eau et rivières de Bretagne au Conseil économique social et environnemental de Bretagne (Ceser), où elle préside la section prospective. À ce titre, elle a notamment participé aux débats préparant le rapport du Ceser sur l’alimentation en Bretagne à l’horizon 2050 ou celui sur l’usage des sols à l’horizon 2060.
Ingénieure agronome, elle s’intéresse à la méthanisation depuis de nombreuses années. Lors de ses études en Lorraine, elle a effectué un stage à la ferme de l’école, qui était équipée d’un méthaniseur. Elle y a constaté plusieurs problèmes récurrents, tels que des défauts de fiabilité et de stabilité des intrants. Ces difficultés techniques perdurent encore aujourd’hui, selon elle.
La méthanisation permet de produire du gaz à partir des sous-produits de l’agriculture (effluents d’élevage, résidus de cultures, cultures intermédiaires…). Imaginer que cette technologie puisse fournir une quantité significative de gaz est, selon certains experts, une illusion. « Notre surface agricole française n’y suffira pas », affirme Marie-Pascale Deleume. D’autant que la réduction des émissions de gaz à effet de serre est contestée.
La concurrence entre les différents usages des terres agricoles est un enjeu majeur. « Nous aurons une compétition forte entre l’alimentation des humains, les besoins naturels et la production d’énergie », explique-t-elle. En d’autres termes, allouer des terres à la production de biomasse pour la méthanisation pourrait entraîner des tensions avec les besoins alimentaires et environnementaux.
La pression exercée sur les ressources naturelles, notamment les sols et l’eau, est importante. Le problème de l’excès de nitrate, à l’origine des marées vertes, n’est pas résolu. En outre, le modèle économique sous-jacent peut entraîner une intensification agricole qui va à l’encontre des objectifs de durabilité. « Réduire nos besoins énergétiques et optimiser l’efficacité de nos systèmes doivent rester des priorités », insiste Marie-Pascale Deleume.
Afin d’éviter que la méthanisation ne devienne une source de pressions supplémentaire sur les écosystème, Eau et rivières de Bretagne demande un moratoire sur le développement de la méthanisation.