Déploiement de la CRS 8, du Raid, usage de drones ou encore de blindés… Les moyens policiers engagés dans la capitale bretonne entre mai 2023 et avril 2024 ont été inédits, rapporte l’Observatoire rennais des libertés publiques (Orlib). Le travail de ce dernier a lui-même a été perturbé.
Des manifestations contre la retraite à 64 ans jusqu’à celles pour la paix en Palestine, Rennes n’a pas failli à sa tradition militante. Plusieurs nuits de révoltes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier à Nanterre le 27 juin, ont également marqué l’année.
Identifiée comme un bastion contestataire de gauche, la ville paraît faire l’objet d’une attention particulière de la part des autorités. En témoignent la dissolution récente du groupe Défense collective, mais aussi la variété des unités de maintien de l’ordre mobilisées et l’inventaire des armes employées.
Outre les désormais familières grenades lacrymogènes, grenades à éclats, lanceurs de balles de défense et autres tonfas, l’Orlib indique dans son rapport annuel publié ce mois-ci (pdf) que des camions lanceurs d’eau, des drones de surveillance et un hélicoptère ont aussi été utilisés.
Des gendarmes ont transporté des pistolets mitrailleurs et des fusils d’assaut le 16 mars 2023, après le déclenchement du 49.3 par la Première ministre Élisabeth Borne pour faire adopter sans vote le report de l’âge légal de départ à la retraite.
Un arsenal impressionnant qui à lui seul peut dissuader de faire valoir son droit constitutionnellement garanti à manifester. D’autant plus que les équipes de liaison et d’information chargées du lien entre manifestants et forces de l’ordre ne sont plus déployées.
Des observateurs eux-mêmes entravés
Les bénévoles de l’Orlib ont aussi documenté des violences et des entraves de la part de policiers. Ils notent que les unités locales (compagnie d’intervention, BST, BAC) « ont souvent été les autrices des manquements ou des comportements infractionnels que nous avons pu relever ». Y compris à l’encontre de journalistes et des observateurs eux-mêmes.
Identifiables à leur chasuble et à leur casque blancs, ces derniers « ont eu le sentiment à plusieurs reprises que leur sécurité n’était pas assurée du fait de l’action des forces de police ». L’un d’eux a été légèrement blessé dans la nuit du 29 au 30 juin dans le quartier du Blosne par un tir effectué au lanceur Cougar.
Quatre ans après sa création par six associations et syndicats soucieux des libertés publiques, dont la Ligue des droits de l’Homme et le Syndicat des avocats de France, l’Orlib indispose visiblement certains agents.