Pourrez-vous encore assurer votre maison à l’horizon 2050 ? La question se pose avec une acuité particulière pour les habitants des Côtes-d’Armor. Une étude publiée fin mai par la Banque de France suggère une explosion des résiliations de contrats due aux conséquences du dérèglement climatique.
Sécheresse, inondation, submersion marine… Les événements climatiques extrêmes deviendront plus fréquents et plus intenses à mesure que la planète se réchauffera, préviennent les experts du Giec. Si cette préoccupation semble avoir disparu du débat public, elle est bien entrée dans les radars des assureurs. Un « stress-test » mené par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), organe adossé à la Banque de France, conclut à un doublement de la sinistralité entre 2022 et 2050, dans un scénario de « transition désordonnée ».
Pour la première fois, le risque d’inassurabilité des biens a été mesuré. « En 2050, le taux de résiliation dans les Côtes-d’Armor serait ainsi de 7,15 %, ce qui constitue le taux maximal par département pour cette année, relèvent les rapporteurs. Il pourrait éventuellement s’expliquer par une sur-sinistralité plus forte pour ces zones géographiques. […] Ces territoires sont également parmi ceux pour lesquels la hausse des primes est la plus forte. » Les côtes de la Manche et le littoral méditerranéen sont en première ligne face à la montée des eaux.
Un plan national resté en suspens
Les auteurs tempèrent toutefois ce constat, ajoutant qu’« un contrat résilié auprès d’un assureur pourrait être souscrit auprès d’un auteur assureur aux primes moins élevées » et que cette estimation devra être affinée. « L’objectif était d’attirer l’attention des assureurs sur le fait qu’à partir d’un certain seuil, certains clients ne seraient plus en mesure de suivre une augmentation trop forte des primes quand les assurances ne sont pas obligatoires », précise Laurent Clerc, directeur d’étude et d’analyse des risques au média Novethic.
Le désengagement des compagnies d’assurance avait été identifié dans un autre rapport, remis au gouvernement début avril. « De plus en plus d’outils d’intelligence géographique peuvent inciter les assurances à prendre des stratégies d’évitement des zones les plus touchées », alertait-il. Pour rééquilibrer le régime des catastrophes naturelles, une des solutions préconisées consisterait à augmenter la surprime (cumul d’une assurance multirisques habitation couvrant les catastrophes naturelles et d’une assurance habitation classique, NDLR) pour les résidences secondaires et les biens locatifs. Le gouvernement avait prévu d’inscrire plusieurs mesures dans son Plan national d’adaptation au changement climatique, attendu cet été. C’était avant la dissolution.