En octobre 2021, la journaliste Mélanie Chanvillard avait réalisé un reportage sur les causes de la pollution de l’air à l’ammoniac, en Bretagne, pour feu le média Cbreton, à partir de la première enquête publiée par « Splann ! ». Dans ce cadre, elle avait interrogé Caroline Trouillet, l’autrice principale de ce dossier.

Trois ans après la publication de notre enquête sur la pollution de l’air à l’ammoniac, qui avait fait l’objet de ce reportage de feu le média Cbreton, la situation évolue (très lentement). 😷

📍 Première région d’élevage, la Bretagne (hors Loire-Atlantique) contribue pour 18 % des émissions nationales d’ammoniac, alors qu’elle ne représente que 5 % de la superficie de la France. Le rapport annuel d’Air Breizh publié en juin et portant sur 2023 rappelle que 99 % des émissions d’ammoniac bretonnes sont liées à l’agriculture (épandage d’engrais et d’effluents, gestion des déjections bovines…). Ce gaz est un précurseur de particules fines. Résultat, 46 % des PM 10 et 19 % des PM 2.5 sont émises par le secteur agricole dans notre région. Une proportion qui augmente par rapport aux transports ou à l’industrie.

📍 A l’échelle nationale, les émissions agricoles d’ammoniac ont baissé de 0,3 % entre 2022 et 2023, en lien avec un recul des cheptels, d’après le rapport Secten. Aucune donnée n’est fournie concernant la Bretagne.

📍 Les préfets continuent d’accorder des autorisations d’extensions d’élevages industriels, en Bretagne. Le gouvernement a même assoupli la réglementation au printemps, en rehaussant les seuils à partir desquels une évaluation environnementale des projets est « systématique ». Le ministère de la Transition écologique a également fait appel d’un jugement du tribunal administratif de Rennes, qui avait annulé l’arrêté d’extension d’une porcherie située à Priziac (56). Ce dernier s’était appuyé sur un avis de l’Autorité environnementale pointant l’effet de cumul des émissions d’ammoniac.

📍 La chambre régionale d’agriculture de Bretagne et Air Breizh poursuivent le projet Ammonia Brittany Air Ambiant (Abaa), co-financé par l’Union européenne et la France. Des mesures sont réalisées chez des agriculteurs volontaires de la région de Brest, qui testent des pratiques réputées moins émissives. L’application Agrivision’air a été développée comme un outil d’aide à la décision. Elle permet de simuler la quantité d’azote perdue par volatilisation lors d’un épandage.

📍 Concernant les émissions d’origine industrielle, le tribunal judiciaire de Brest a condamné la Timac Agro (groupe Roullier) à verser des dommages et intérêts à Eau et rivières de Bretagne, Bretagne Vivante et France Nature environnement pour le préjudice causé les dépassements des valeurs limites d’émission d’ammoniac, documentées entre 2018 et 2021, à Saint-Malo.