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« Guérilla administrative et contentieuse », « mise au pilori », voilà comment Antoine Armand qualifie, ce 23 janvier 2024, l’action des associations de défense de l’environnement. Tandis que les projecteurs sont braqués sur les actions coups de poing d’agriculteurs en mal de rémunération, le député macroniste de Haute-Savoie visite un élevage de volailles situé à Geispolsheim, en Alsace, dans le cadre d’une mission sur la promotion de l’élevage que lui a confiée le ministre Marc Fesneau.
Pas exactement un modèle de probité, puisque l’autorisation d’extension délivrée en 2016 par le préfet a été annulée par la justice administrative. Au terme d’une nouvelle enquête publique dont nous avions pointé les biais, cet élevage a obtenu fin 2022 sa régularisation. Celle-ci fait l’objet d’un nouveau recours, tandis que le pôle régional spécialisé en matière d’atteintes à l’environnement a ouvert une enquête à la suite d’une plainte contre X déposée par un collectif de riverains pour « mise en danger de la vie et de la santé d’autrui ».
Cette rencontre nourrit manifestement la rhétorique de celui qui crée dans le même temps un groupe de soutien parlementaire à l’élevage. « Il n’y a pas une ferme usine en France », ose Antoine Armand, le 23 janvier, sur BFMTV, décrivant d’humbles agriculteurs croulant sous des « centaines d’attaques d’activistes environnementalistes ».
Un discours que cet habitué des médias Bolloré — sa première interview comme ministre paraît dans le JDD — perfectionne le 6 mars, à l’Assemblée nationale. Pas dans l’hémicycle, mais dans la salle Colbert. Il « parraine » ce jour-là un colloque des Z’Homnivores, association créée par les poids lourds de l’industrie bretonne de la viande pour contrer les militants antispécistes. Un lobby dirigé par le communicant rennais Hervé Le Prince, dont nous avons publié en juillet 2023 la note confidentielle sur Silence dans les champs. L’auteur du livre enquête, Nicolas Legendre, y est qualifié de « complotiste » et Splann ! de « presse à scandale ».
« L’agriculture est victime de prédation, renchérit ce jour-là Antoine Armand, dans une déclaration choc qui introduit le compte rendu publié par La France agricole. Non seulement des loups, mais aussi de toutes ces associations qui sont, en fait, de petites armées à recours contentieux contre les agriculteurs. Ce sont autant de petites armées qu’il faut décourager désormais parce que leurs actions découragent la production agricole. »
Quelques semaines plus tard, le parlementaire passe de la parole aux actes, lors de l’examen de la loi d’orientation agricole. Il dépose un amendement visant à écarter L214 du dispositif de réduction d’impôt (pdf) au titre des dons accordée à une association ainsi qu’un autre pour permettre aux agriculteurs d’obtenir des dommages et intérêts si un recours contre leur projet est qualifié d’abusif.
Si ces marottes du lobby porcin n’ont pas tout à fait rencontré le succès escompté, Antoine Armand, a pu, lors du vote solennel, se satisfaire, à la tribune, « de l’inscription de l’agriculture, en particulier de l’élevage et du pastoralisme, comme intérêt général majeur ». Un principe censé hisser l’agriculture au même niveau que l’environnement afin d’obtenir des décisions du juge administratif favorables à l’agrandissement des élevages ou de retenues d’eau.
Le texte est tombé avec la dissolution, mais une nouvelle présentation pourrait combler les lobbies, dans un hémicycle où l’extrême droite, hostile à toute forme d’écologie, tient désormais la durée de vie du gouvernement entre ses mains. Lors du salon international de l’élevage, le Space, qui se tenait à Rennes mi-septembre, Antoine Armand a d’ailleurs assuré être « extrêmement vigilant à ce que le futur gouvernement remette dès que possible sur la table la loi d’orientation agricole ».
C’était avant de savoir qu’il remplacerait Bruno Le Maire à Bercy.