Un vent de contestation souffle à l’intérieur de la première coopérative porcine de France, la Cooperl. De nombreux adhérents dénoncent les méthodes de la multinationale et cherchent à renouveler l’ensemble du conseil d’administration.
Basée à Lamballe (22), la Cooperl est, avec 4,6 millions de cochons abattus en 2022, la première coopérative porcine de France. Cependant, comme nous l’avions indiqué dans notre enquête de novembre 2023, une lutte intestine est engagée chez le géant du porc. La coopérative est fortement contestée de l’intérieur. Parmi ses 2.200 éleveurs-adhérents, les voix critiquant les choix et les investissements de la multinationale se font entendre de plus en plus distinctement.
Dans ce contexte, l’assemblée générale de la Cooperl qui aura lieu le 21 juin à Lamballe, s’annonce agitée. Selon nos informations, un groupe de porchers a entrepris, avec l’aide d’un cabinet d’avocats, une démarche afin de renouveler l’ensemble du conseil d’administration, plutôt que l’habituel renouvellement par tiers.
Une direction jugée « hors-sol »
Au-delà de ce qui ressemble bien à une crise démocratique, ce sont bien les choix de la direction qui sont remis en cause. Parmi les arguments des frondeurs, on retrouve les revendications évoquées par les éleveurs dans notre enquête. Ils réclament « un meilleur prix », celui pratiqué par la Cooperl étant depuis plusieurs mois inférieur à la cotation du Marché du porc breton qui sert de référence.
Les contestataires réclament aussi la garantie « de la souveraineté des éleveurs » en référence aux nombreuses obligations contractuelles imposées par la coopérative, réputée intransigeante quant à leur application. Dans cet appel intitulé « Donnons un avenir à la Cooperl », apparaissent aussi des critiques sur les investissements externes de la coopérative porcine. Mais des interrogations se font aussi sur la rentabilité des filiales. « Si la coopérative tombe, nous tomberons avec elle », précise le texte destiné aux adhérents mettant explicitement en cause une direction jugée « hors-sol » et avec qui il est « impossible de se faire entendre depuis plusieurs années ».
Dans un courrier daté du 30 avril 2024, Bernard Rouxel, président de la Cooperl, dénonce une « démarche de déstabilisation » et invite les adhérents à participer nombreux à cette assemblée générale.