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Un droit de réponse de Aile, agence locale de l’énergie
La Rédaction - 26 septembre 2022
Suite à la publication de notre enquête intitulée « En Bretagne, la méthanisation sous pression », publiée du 13 au 16 septembre 2022, l’association Aile nous a adressé un droit de réponse.
« L’association AILE exerce son droit de réponse à l’enquête de Splann!, “En Bretagne, la méthanisation sous pression”, parue du 13/09/2022 au 16/09/2022 et relayée sur France 3 Bretagne, Médiapart, Radio France, Reporterre, Basta! et Le Média.
« L’agence locale de l’énergie du grand Ouest, Aile, qui accompagne bon nombre de projets dans la région, estime dans une étude de 2019 que « l’hygiénisation […] n’est pas faisable économiquement ». Autrement dit, il faut choisir entre rentabilité et sécurité. »
Réponse de AILE
Ici, l’article cite une phrase issue de notre “Etude sur les enjeux sanitaires liés à la méthanisation […]”, parue en juin 2019 et disponible ici. La phrase est tronquée et sortie de son contexte, et conduit à une erreur grossière, sous-entendant que l’hygiénisation en méthanisation n’est pas faisable économiquement.
La phrase complète, concernant uniquement les projets de méthanisation en collectif de taille importante, est la suivante : “L’hygiénisation en amont des effluents des élevages (avec fumiers) à 70°C pendant une heure n’est pas faisable économiquement ».
L’hygiénisation des matières premières sensibles (contenant des sous-produits animaux) est encadrée en France et reste possible en méthanisation, comme l’explique la version actualisée de notre guide sur l’hygiénisation disponible ici. Néanmoins, nous tenons à rappeler que les fumiers, lisiers sont depuis toujours restitués au sol pour amender et fertiliser les cultures, et ceci sans traitement systématique préalable. Ces traitements étant gourmands en énergie, il est important de bien cibler les matières qui doivent être traitées, et celles qui peuvent y déroger.
« 400 hectares de cultures pour un méthaniseur » et « « Selon les plans d’approvisionnement prévisionnels [de cultures principales dédiées à l’énergie, NDLR], près de la moitié des unités de méthanisation à la ferme avaient initialement prévu de valoriser cette ressource pour un total d’environ 6 000 tonnes de matière sèche soit l’équivalent de 400 hectares et 3 % du tonnage entrant. […] », déclaraient les élus de la région, dans une délibération des 7 et 8 février 2019 sur le schéma régional biomasse (SRB). »
Réponse de AILE
Il suffit de lire la citation pour comprendre que les 400 hectares de cultures mentionnées concernent l’ensemble des unités de méthanisation en Bretagne en 2016, et pas un seul méthaniseur.
« Afin d’estimer la part des terres agricoles dédiée à la méthanisation, nous avons donc décidé de calculer une surface par méthaniseur en « équivalent maïs ensilage », à partir des données officielles de la capacité de chaque méthaniseur, en prenant en compte le fait que légalement, les cultures végétales peuvent représenter jusqu’à 15 % de la capacité des méthaniseurs »
Réponse de AILE
La DREAL compile chaque année les rations déclarées des méthaniseurs bretons. La synthèse du bilan de l’année 2020 est disponible ici, et celle de l’année 2021 sera publiée dans les prochaines semaines.
En page 27 de ce bilan, vous pouvez lire que le maïs ensilage représente en moyenne “ 6,4% du tonnage dans les projets à la ferme; 7,8% du tonnage dans les projets collectifs agricoles ; 3,3% du tonnage dans les projets centralisés”. Ainsi, prendre une hypothèse par défaut de 15 % de cultures dédiées par unité de méthanisation n’est pas représentatif de la réalité.
« Ce tonnage peut être converti en surface en se basant sur un rendement moyen de 13 tonnes/ha (données de la chambre d’agriculture de Bretagne). »
Réponse de AILE
La méthodologie précisée dans la boîte noire pour réaliser la carte “Proportion estimée de la surface agricole utile des intercommunalités exploitée pour la méthanisation en 2022” est bonne, cependant les unités sont fausses, ce qui conduit à une erreur d’un facteur 10 dans le pourcentage de la SAU mobilisée.
En effet, les tonnages d’intrants des plans d’approvisionnement des méthaniseurs sont exprimés en tonnes de matière brute. Afin d’approcher la surface dédiée à la méthanisation, il convient d’utiliser les rendements de maïs ensilage en tonnes de matière brute (t MB). Le rendement de 13 t/ha utilisé dans l’article est juste, mais il est exprimé en tonnes de matière sèche. Il convient donc de convertir ce rendement en tonnes de matière brute, avec un taux moyen de matière sèche moyen à la récolte autour de 30 %, ce qui est cohérent avec le rendement moyen de 44 tonnes de maïs de matières brutes par hectare utilisé dans le rapport de la DREAL.
La carte affiche donc des chiffres erronés et très éloignés de la réalité. A titre d’exemple, pour la communauté de commune de Montfort Communauté présentant le pourcentage le plus élevé de la carte, nous passons ainsi de l’intervalle [7.5 %-10 %] à l’intervalle [0 %-1 %].
Détail du calcul : Sur le territoire de Montfort Communauté, 7 unités de méthanisation à la ferme sont en fonctionnement, traitant 86 000 tonnes de matière brute. Selon le dernier bilan DREAL, la moyenne du maïs dans la ration des unités à la ferme est de 6,4%, et la chambre d’agriculture de Bretagne donne un rendement de maïs ensilage de 44 tonnes de matière brute par hectare. Etant donné la surface agricole utile (SAU) de Montfort Communauté de 13 400 hectares (données de laChambre d’Agriculture disponibles ici), le calcul de la part de la SAU dédiée à la méthanisation sur le territoire est le suivant :
Ces exemples illustrent les nombreuses imprécisions de l’article rédigé par Splann ! et relayé dans d’autres médias. Via cette enquête, les journalistes de Splann! ont consulté les parties prenantes de la filière et soulèvent une partie des enjeux de la filière méthanisation, mais les erreurs qui jalonnent l’article dépeignent une situation alarmiste qui ne correspond pas à la réalité.
AILE (Association d’Initiatives Locales pour l’Energie et l’Environnement) est une agence locale de l’énergie créée en 1995 dans le cadre du programme SAVE de l’Union Européenne par l’ADEME Bretagne et les CUMA (Coopératives d’Utilisation de Matériels Agricoles) de l’Ouest. AILE est spécialisée dans la maîtrise de l’énergie et les énergies renouvelables en milieu agricole et rural.
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