« Les aéroports qui accueillent un trafic inférieur à 700.000 passagers sont les plus fragiles économiquement », relève la cour des comptes dans un rapport publié le 15 juin sur le maillage aéroportuaire français. La Bretagne administrative s’illustre par une densité particulière d’aéroports : elle en concentre 19, dont cinq à usage commercial. Le plus important est à Guipavas, aux portes de Brest (801.854 passagers en 2022), devant celui de Rennes-Saint-Jacques (643.231 passagers en 2022).
Baisse significative du nombre de passagers, coût trop important pour la collectivité et crise climatique : les petits aéroports bretons ont du plomb dans l’aile. Certaines infrastructures, comme celle de Lannion, ne sont plus desservies par des lignes commerciales. La redéfinition de la carte régionale se poursuit. Et non sans difficulté, comme en témoigne le dossier de l’aéroport de Quimper-Bretagne.
Situé à 80 km de l’aéroport de Brest (soit 54 min de transport routier par voie express) et à 73 km de celui de Lorient, l’aéroport de Quimper n’est fréquenté toute l’année que par une ligne commerciale desservant Paris-Orly. Elle est opérée par la compagnie Chalair depuis 2019, à raison de deux rotations quotidiennes, du lundi au vendredi.
Moins de 15.000 passagers ont utilisé cette ligne en 2022. Quatre-vingt mille étaient attendus… Le principal contributeur, la région Bretagne, a annoncé qu’il allait couper le robinet. « Nous savons que les entreprises de Cornouaille vivent et se développent sans avoir recours à la ligne vers Orly », a même souligné le président de la Région, Loïg Chesnais-Girard.
Selon la cour régionale des comptes, la liaison Quimper-Orly a reçu en moyenne 3,4 M€ par an de contribution financière publique sur les quatre dernières années. L’échéance contractuelle de l’obligation de service publique est fixée au 30 novembre 2023. Elle ne sera pas renouvelée.
La Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Bretagne Ouest (Ccimbo), exploitant de l’aéroport, s’accroche pourtant à la survie de cet équipement, au titre du « désenclavement » de la pointe sud-ouest bretonne. Pour tenter de combler le déficit de passagers sur la ligne vers Paris, la Chambre consulaire annonce deux nouvelles destinations à vocation touristique vers Kerry (Irlande) et Pau (64) entre juin et septembre. Une ultime tentative de justification à rebours de l’histoire.
3,4 M€
C’est la somme annuelle d’argent public injectée pour maintenir la ligne commerciale entre l’aéroport Quimper-Cornouaille et Paris-Orly, selon la cour des comptes.