« Nous avons trouvé de l’arsenic près de la mine Imerys de Glomel », Celia Izoard sur France Culture
Celia Izoard était l’invitée de Nicolas Herbeaux pour La Transition de la semaine, dans la matinale du samedi 30 novembre 2024 sur France Culture. La journaliste, philosophe et essayiste, autrice de « La Ruée minière au XXIe siècle, enquête sur les métaux à l’ère de la transition » (Le Seuil, 2024) a présenté les résultats de l’enquête menée pour « Splann ! » sur la mine Imerys de Glomel, dans les Côtes-d’Armor.
Le projet d’ouverture d’une quatrième fosse d’extraction d’andalousite près de Rostrenen, en Centre Bretagne, soulève l’opposition d’une partie de la population, inquiète des conséquences de cette exploitation pour la santé et la biodiversité. L’association Eau et rivières de Bretagne a engagé un recours contre l’autorisation environnementale accordée au terme d’une enquête publique par le préfet durant l’été 2024.
« Je ne comprenais pas comment Imerys pouvait dire qu’il n’y avait aucun impact sur les eaux, alors que la mine rejette 1,5 million de m³ d’effluents industriels dans une réserve naturelle régionale, en amont de deux captages d’eau potable qui alimentent la région, se remémore Celia Izoard. Comment était-ce possible, étant donné ce que contiennent ces effluents industriels, qui sont entre autres des métaux lourds ? »
« Splann ! » a donc fait analyser des échantillons de sédiments prélevés en amont du point de rejet, au niveau du point de rejet et 2 km en aval, dans le même cours d’eau. Les résultats contredisent la communication de la multinationale qui assure être « respectueuse de l’environnement ». Les concentrations en nickel atteignent jusqu’à 60 fois la valeur guide pour un bon état écologique des sédiments en eau douce.
Les concentrations en cobalt sont jusqu’à 20 fois supérieures à la valeur guide. Des taux anormaux d’arsenic et de cadmium, des métaux toxiques classés cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques, sont également décelés à cette occasion. Sachant qu’Imerys bénéficie d’une autorisation préfectorale pour rejeter jusqu’à 5,5 kg de cobalt et de nickel par jour dans ses effluents.
« Imerys ment sur deux points qui sont importants : sa consommation d’eau depuis des décennies. Et sur l’absence de pollution. C’est très préoccupant car cette entreprise souhaite ouvrir une mine de lithium dans l’Allier, un projet colossal », alerte l’enquêtrice.
Par ailleurs, les rejets de poussière contiennent les mêmes métaux toxiques. Aucune étude épidémiologique n’a pourtant été réalisée pour mesurer les conséquences sur les santé de la population, susceptible de les respirer. La fermeture de la mine ne règlerait pas le problème pour autant, à cause du drainage minier acide. « Lorsque la pluie va ruisseler sur les millions de mètres cubes de déchets entassés, cela va former de l’acide sulfurique, décrit la journaliste. À partir de 2044, il va falloir gérer des quantités d’eau acide qui vont charrier des contaminants métalliques. Si cette mine s’étend, cette gestion va s’étendre. Elle est extrêmement coûteuse, même pour des sites beaucoup plus petits et dont l’État doit s’occuper. »