Splann ! dresse un bilan inédit et détaillé de l’artificialisation des sols sur les côtes bretonnes. Notre enquête révèle comment les bétonneuses font parfois peu de cas des règles d’urbanisme, profitant des failles de la loi et d’une attention relâchée des services de l’État.
Sur les côtes bretonnes, le risque de submersion vient aussi de l’intérieur. Bien que protégée depuis 1986 par la loi littoral, la bande des cent mètres à partir du rivage a connu l’autorisation de dix nouvelles constructions, rien qu’au premier semestre 2024. Au moins la moitié serviront de résidences secondaires.
En dix ans, près de 4.000 hectares de terres agricoles et naturelles ont été détruites dans les communes littorales bretonnes au profit de l’urbanisation. Sans que ce bétonnage soit pour autant la recette miracle pour faire revivre les communes : certaines voient leur démographie chuter malgré une myriade de nouvelles constructions.
Face à ce constat, l’efficacité réelle de la loi littoral interroge. Votée en 1986, cette loi a mis au moins 20 ans à s’appliquer réellement. Pour les maires qui veulent stopper l’artificialisation des sols dans leur commune, c’est une base juridique assez efficace. Mais plusieurs failles dans sa conception permettent aux municipalités de la contourner.
Des chiffres et des cartes inédites nous ont permis de dresser le bilan de ces dix dernières années sur le littoral breton, mettant en évidence les manquements politiques, dans les collectivités comme au sein des services de l’État.
À l’heure où les collectivités locales s’interrogent sur les modalités d’application de la Zéro artificialisation nette (ZAN) – texte qui vise à protéger les terres agricoles et naturelles d’ici 2050 -, quid de ces failles et contradictions qui pourraient à leur tour compromettre l’efficacité de cette nouvelle loi ?