Littoral breton : la tentation du béton

Jérémie Szpirglas, Denis Vannier - 16 janvier 2025

Les volets de l'enquête

Introduction

Splann ! dresse un bilan inédit et détaillé de l’artificialisation des sols sur les côtes bretonnes. Notre enquête révèle comment les bétonneuses font parfois peu de cas des règles d’urbanisme, profitant des failles de la loi et d’une attention relâchée des services de l’État.

Sur les côtes bretonnes, le risque de submersion vient aussi de l’intérieur. Bien que protégée depuis 1986 par la loi littoral, la bande des cent mètres à partir du rivage a connu l’autorisation de dix nouvelles constructions, rien qu’au premier semestre 2024. Au moins la moitié serviront de résidences secondaires.

En dix ans, près de 4.000 hectares de terres agricoles et naturelles ont été détruites dans les communes littorales bretonnes au profit de l’urbanisation. Sans que ce bétonnage soit pour autant la recette miracle pour faire revivre les communes : certaines voient leur démographie chuter malgré une myriade de nouvelles constructions.

Face à ce constat, l’efficacité réelle de la loi littoral interroge. Votée en 1986, cette loi a mis au moins 20 ans à s’appliquer réellement. Pour les maires qui veulent stopper l’artificialisation des sols dans leur commune, c’est une base juridique assez efficace. Mais plusieurs failles dans sa conception permettent aux municipalités de la contourner.

Des chiffres et des cartes inédites nous ont permis de dresser le bilan de ces dix dernières années sur le littoral breton, mettant en évidence les manquements politiques, dans les collectivités comme au sein des services de l’État.

À l’heure où les collectivités locales s’interrogent sur les modalités d’application de la Zéro artificialisation nette (ZAN) – texte qui vise à protéger les terres agricoles et naturelles d’ici 2050 -, quid de ces failles et contradictions qui pourraient à leur tour compromettre l’efficacité de cette nouvelle loi ?


Boîte noire

Cette enquête repose sur l’exploitation de nombreuses bases de données, traitées dans leur version brute par Splann ! : permis de construire, documents d’urbanisme, recensements Insee, BD Topo, transactions foncières, données brutes du Cerema… Cette approche permet d’offrir une vision très détaillée de l’évolution du littoral, au bâtiment près, tout en faisant ressortir des chiffres inédits sur l’ensemble du littoral breton.

Nos sources :
• Localisation des bâtiments : BD Topo (millésimes 2014 et 2024)
• Classement des communes littorales : Observatoire des territoires – ANCT
• Contours des communes : Admin Express, IGN, décembre 2023
• Documents d’urbanisme : Géoportail de l’urbanisme et OpenDataArchives
• Population : Insee, recensements
• Artificialisation par communes : Cerema
• Modèle d’occupation du sol foncier : MOS Foncier de Bretagne
• Permis de construire : Ministère des territoires, de l’écologie et du logement, SITADEL
• Transactions foncières :  Cerema, Demande des Valeurs Foncières (DVF).
• Résidences secondaires : Insee, Recensement de la population, Logements et résidences principales en 2020 et Logements et résidences principales en 2014.
• Evolution des effectifs scolaires : Ministère de l’Education nationale : Annuaire de l’éducation 2023 / Effectifs d’élèves des écoles 2015-2019 / Effectifs d’élèves 2019-2022

Tous nos scripts de traitement de données sont consultables et réutilisables librement sur Github, en mentionnant leur source (licence CC-by-NA). Les données ont été traitées pour l’essentiel en langage Python. Nous avons également utilisé le logiciel libre QGIS et la librairie javascript Mapshaper. Les cartes interactives s’appuient sur la librairie MapboxGL.js. Les fonds de cartes sont issus le plus souvent de l’IGN et des contributeurs OpenStreetMap.

Notre démarche,
notre raison d'être.

Face aux catastrophes écologiques qui obscurcissent la perspective d’un avenir désirable, nous croyons à un journalisme d’intervention qui contribue à l’amélioration des pratiques.

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Enquête réalisée par :
Denis Vannier
Jérémie Szpirglas
Accompagnement :
Juliette Cabaço Roger
Nous remercions aussi :

Merci à Vassili Feodoroff pour ses photos, à Sten Charbonneau pour la traduction et à Claire Simonin pour sa relecture juridique avisée.

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