Voici le texte que nous a envoyé la société Ecotree :
« Alors que nous n’avons à rougir d’aucune des actions que nous menons quotidiennement pour la restauration des écosystèmes européens et que le sérieux de notre travail est salué unanimement par la filière forestière, l’article incriminant EcoTree contient de nombreuses inexactitudes, avec des faits sortis de leur contexte ou exagérés, instillant une suspicion infondée plutôt qu’une analyse objective. De fait, il porte atteinte à la réputation d’EcoTree, qui tient à exercer son droit de réponse.
Nombreux sont les points qui auraient mérité rectification, mais nous sommes contraints par la limite légale de 200 lignes. De manière générale, à de multiples reprises, l’article laisse entendre qu’EcoTree plante majoritairement des forêts “artificielles”, en ligne, avec des résineux et des essences exotiques, et pratique de la monoculture, dans une optique de production et de rentabilité économique, au détriment de la biodiversité. Les forêts européennes étant gérées depuis des millénaires, parler de forêts artificielles n’a pas de sens.
La plantation en ligne, méthode ancestrale et majoritaire, reste la plus efficace sur de grandes surfaces sans végétation, sans empêcher l’évolution vers une forêt irrégulière. Tous les gestionnaires l’utilisent. Lorsque possible, nous privilégions aussi la plantation sous couvert, en parquet ou en point d’appui.
EcoTree applique les principes de la Sylviculture mélangée à couvert continu (SMCC) de Pro Silva, favorisant le mélange d’essences et d’âges sans coupes rases. Cependant, certaines conditions (nature du sol, maladies, sécheresse, incendie) peuvent limiter les choix et rendre nécessaire la plantation de résineux ou empêcher de maintenir un couvert continu.
Par ailleurs, EcoTree acquiert souvent des parcelles déjà reboisées après une coupe rase effectuée par l’ancien propriétaire, qu’elle soit sanitaire ou planifiée.
Pour la conception de meubles et d’immeubles en bois, pour remplacer des matériaux plus polluants (métal, béton…), nous avons besoin de résineux. Si la filière forêt-bois française ne cultivait pas de résineux, nous serions obligés d’importer des grumes de l’étranger. Tout est question d’équilibre.
A l’ère du réchauffement climatique, la notion d’espèces exotiques est fluctuante et sujette à débat chez les écologues. Tous les forestiers savent qu’il est nécessaire d’adapter les essences aux conditions climatiques à venir, mais que lorsqu’on introduit des espèces exotiques, il faut le faire peu à peu. A ce jour, sur l’ensemble des écosystèmes forestiers que nous possédons, 40 % de la surface est couverte d’essences résineuses, 30 % d’essences feuillues, les 30 % restants étant des zones dédiées à la biodiversité (dont des îlots de sénescence feuillus, des haies, des mares, des talus, des prairies, des chemins…). Sans économie forestière, il y aurait moins de forêts, faute de moyens pour les entretenir. Planter et gérer une forêt coûte cher, et EcoTree doit en tenir compte pour remplir sa mission. Toutefois, cette gestion n’est pas au détriment de la biodiversité : 55 % de ses actifs y sont consacrés, ainsi qu’à la restauration d’écosystèmes dégradés. Plus particulièrement :
1. L’article suggère que des plantations d’EcoTree en zones Natura 2000 et ZNIEFF sont venues remplacer des milieux naturels ouverts riches en biodiversité par des forêts de résineux, allant à l’encontre des objectifs de préservation écologique de ces zones.
Rectification : Tous nos projets forestiers concernés par des zones Natura 2000 ont été soumis à l’autorité compétente et validés par elle. Les zones Natura 2000 ou ZNIEFF n’excluent pas les forêts ou les plantations de forêts.
Elles ont pour but de protéger et favoriser la biodiversité. “Natura 2000, c’est la nature avec l’homme, pas la nature sans l’homme. […] La plupart des forêts Natura 2000 sont depuis longtemps utilisées par leurs propriétaires pour générer de nombreux avantages, dont bénéficie également la société en général. Le fait que ces forêts aient été intégrées dans le réseau Natura 2000 en tant que zones de grande valeur, ou du moins de grand potentiel, sur le plan de la biodiversité montre que, dans la plupart des cas, la foresterie traditionnelle est non seulement compatible avec la conservation de la biodiversité, mais qu’elle peut aussi contribuer activement à cet objectif”, note ainsi la Commission européenne dans Natura 2000 et les forêts, publié en 2015.
2. “Les terrains plantés par la société sont difficiles à localiser précisément, aucune adresse ou nom de lieu-dit n’est indiqué sur le site internet, ou dans le rapport annuel de gestion. La carte en ligne ne permet pas non plus de localiser précisément les terrains de la société.”
Rectification : Tous nos clients bénéficient d’une géolocalisation précise de leurs arbres et des forêts sur leur espace personnel. Nous sommes joignables et toujours prêts à indiquer où et comment accéder à nos forêts. EcoTree a toujours fait preuve de transparence totale, notamment grâce à un rapport annuel, une disponibilité constante, des visites de terrain et l’accès détaillé aux informations via l’espace client. Nous rappelons par ailleurs que les forêts d’EcoTree étant privées, il est indispensable de demander la permission à la société avant de s’y rendre, notamment pour un tournage ou une enquête journalistique.
3. “À Louargat (22), sur le Menez Hoguené, un des points culminants de Bretagne, la société a planté principalement des douglas et des épicéas de sitka sur 4,3 ha, au pied du site nommé « la Lande Supplice » et classé Zone naturelle d’intérêt écologique floristique et faunistique (Znieff) de type 1.”
Rectification : Nous avons racheté, en 2020, une coupe rase non reboisée à Louargat. Le peuplement avant coupe était une monoculture d’épicéas de Sitka sur 4,3 ha. Le terrain étant acide, nous avons reboisé avec des résineux, mais en diversifiant largement les essences : Douglas, épicéa de Sitka, pin sylvestre, chêne rouge.
Il y a donc une réelle amélioration par rapport au peuplement précédent. D’autre part, le code forestier ne laisse pas le choix aux propriétaires forestiers, toute coupe rase doit être reboisée dans les 5 ans, qu’il s’agisse d’une ZNIEFF ou pas.
4. “À Louargat, à Lanrivain et Plouguernevel, au Faouët ou à Plouray, les forêts que nous avons vues sont des jeunes plantations en ligne, principalement de résineux. On est bien loin des belles forêts anciennes de feuillus que la société met en avant dans sa communication.”
Rectification : A Louargat, hors lisières, les peuplements s’étendent sur 4,2 hectares et sont constitués de 4 essences : Douglas, épicéa de Sitka, chêne rouge et pin sylvestre. A Lanrivain et Plouguernével, aucune parcelle n’a été boisée par EcoTree qui en a fait l’acquisition en 2020 (les parcelles ont été boisées en 2008, 2016 et 2019 par l’ancien propriétaire). Nous ne pouvons donc être tenus responsables du choix des essences plantées. Nous chercherons néanmoins à favoriser la diversification d’essences et de classes d’âge.
Au Faouët, sur 54 ha, 19 (35 %) ne sont pas gérés à des fins sylvicoles. Ayant réalisé un pré-diagnostic écologique en 2022, nous avons mis en évidence un enjeu de préservation de la zone humide présente. Un deuxième diagnostic sera conduit pour déterminer les enjeux précis de biodiversité. La surface boisée (65 %) est divisée en 11 parcelles comptant 8 essences : Douglas, sapin, pin maritime, châtaignier, peuplier, pin radiata, hêtre, séquoia. A Plouray (11,5 ha), nous avons récupéré une coupe rase non reboisée par l’ancien propriétaire, et boisé une terre agricole sans repreneur. Ont été plantés sur ces parcelles 7 essences : épicéa de Sitka, thuya géant, bouleau, sapin de Nordmann, Douglas, chêne rouge et mélèze. Nous y avons planté une haie mellifère constituée de multiples essences. Nous communiquons très régulièrement (réseaux sociaux, newsletters, articles de blog) sur nos jeunes plantations, sans cacher ni la plantation en ligne ni les essences plantées, car nous sommes fiers du travail accompli.
5. “Selon Arthur*, un gestionnaire forestier avec lequel nous avons observé ces terrains, tous les arbres ont été plantés au même moment et ont donc le même âge. Pour lui, difficile d’imaginer autre chose qu’une gestion purement économique de la forêt avec une coupe rase lorsque les plants arriveront à maturité.”
Rectification : Lors de la plantation d’une nouvelle forêt, tous les arbres ont le même âge, à un ou deux ans près. Cela n’empêche pas une irrégularisation du peuplement, à terme, et n’implique aucunement de passer par une coupe rase. La SMCC passe par une identification des tiges d’avenir et un travail à leur profit, et par une volonté de conserver les essences en minorité. Ces actions ne se pratiquent pas lors des premières années mais demandent que les arbres s’expriment et que la régénération naturelle prenne aussi son rôle dans la plantation. Tout bon gestionnaire forestier sait cela.
6. “Idem pour Arnaud*, un technicien agroforestier travaillant pour une communauté de communes bretonne concernée par des plantations d’Ecotree. « Ce sont des modes de plantation de résineux en ligne pour une production industrielle. Je ne vois pas comment il pourrait y avoir un autre mode de production derrière, on ne peut pas se permettre de prélever que quelques arbres sur ce type de boisement dense.”
Rectification : On peut viser une production de bois sans tomber dans une logique productiviste. La sylviculture irrégulière permet des prélèvements réguliers et ciblés, conciliant production et respect des écosystèmes.
Ceux qui adoptent une approche strictement productiviste s’en privent, faute d’un intérêt immédiat, mais notre rôle est aussi de rappeler qu’à long terme, les études montrent qu’elle n’est pas moins rentable. Mieux encore, elle assure une stabilité des revenus et réduit les risques naturels susceptibles de compromettre des années de travail.
7. “La plupart des espèces plantées par Ecotree sont des espèces exotiques : sitka, douglas, pin, mélèze, chêne rouge, peuplier…”
Rectification : Sur les 704 hectares de boisement, nous comptons 29 essences différentes : 15 de feuillus (42 % de la surface), 14 de résineux (58 % de la surface). L’activité d’EcoTree s’appliquant sur 1538 ha (de boisement, reprise, amélioration et maintien), voici des chiffres précis : sur les 1.060 h a de forêts gérées par EcoTree en France, 43 % sont des feuillus, 57 % des résineux. A quoi il faut ajouter 478 ha de zones de biodiversité et lisières dont les inventaires précis n’ont pas été réalisés, mais majoritairement constituées de feuillus.
8. “Sur les 73 ha plantés en feuillus, on compte 40 ha de chênes plantés dans la forêt de la Trinité-Langonnet (56). À l’origine, le projet d’Ecotree était pourtant bien de planter une majorité de résineux sur ce terrain classé Natura 2000 […]. C’est au terme d’une longue procédure réglementaire que l’entreprise a été contrainte de planter principalement des chênes.”
Rectification : Nous avons envisagé différents itinéraires sylvicoles. Puis, en toute liberté et sans demande extérieure, nous avons opté pour une plantation de chênes afin d’améliorer le projet. Celui-ci a été validé par la préfecture. Par ailleurs, le terrain qui a fait l’objet de plantation n’est absolument pas classé en zone Natura 2000. L’historique est faux, ce n’est pas après avis de la MRAE que nous avons fait une demande de plantation en feuillu, mais dès 2020. C’est à ce moment que la DREAL a demandé une étude d’impact (alors qu’elle ne l’avait pas fait pour le premier projet de résineux…). Il est donc absolument incorrect de parler de procédure réglementaire.
9. « Ils ne veulent pas mettre en valeur la biodiversité, estime Arnaud*, ce qu’ils font, c’est de la production de bois. »
Rectification : EcoTree possède environ 1500 ha de terres et forêts dont elle assure la gestion. 30 % de ces terres ne sont pas des « forêts sous gestion » mais d’autres écosystèmes : haies, zones humides, prairies, pâtures, écrins de biodiversité & îlots de sénescence, talus, rivières et alentours préservés. 25 % des 1.500 ha concernent des forêts reprises en gestion dont nous tâchons d’améliorer les peuplements. 45 % des 1.500 hectares sont du boisement, notamment après coupes rases (effectuées par le propriétaire précédent) que la loi nous oblige à reboiser et où nous cherchons à diversifier les peuplements.
10. “de nombreuses parcelles sont plantées d’une seule espèce de résineux”
Rectification : La forêt de Loguivy-Plougras est effectivement une monoculture d’épicéas de Sitka. Elle représente 0,95 ha sur les 1500 que nous possédons. Il s’agit de la première forêt d’EcoTree, acquise en 2014 pour projet pilote. Nous avons, depuis, opté pour la SMCC. Nous nous efforçons ainsi de planter en mélanges d’essences pour obtenir des forêts à la fois productives, résilientes et riches en biodiversité.
11. “Nous avons pu constater que l’essence « de diversité » est souvent le chêne rouge.”
Rectification : Le chêne rouge couvre 0,76 % de la superficie de nos forêts. Nous l’utilisons, parmi d’autres, comme essence d’accompagnement ou de diversité.
12. L’article affirme que EcoTree a reçu 180.760 € de subventions et a bénéficié de publicité de la Région Bretagne.»Nous remercions la Région Bretagne pour sa confiance et son soutien, accordé en toute transparence aux projets innovants et engagés pour l’environnement.
Depuis dix ans, nous travaillons sans relâche pour améliorer le Vivant et convaincre particuliers et entreprises de s’engager dans la transition écologique. Il est autrement plus simple de rester spectateur ou commentateur, ou d’agir loin d’ici.
Nous sommes ouverts au dialogue, conscients que nous devons nous améliorer en permanence, cherchant sans cesse le meilleur équilibre entre la préservation de la nature et la mobilisation des moyens nécessaires pour agir concrètement. »
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