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Clément a perdu la vie dans un champ de l’exploitation agricole Le Pépin et la plume, le 28 novembre 2023, à La Roche-Maurice (29). Il avait 28 ans. Le salarié a été très grièvement blessé alors qu’il manipulait une enrouleuse de bâches, une machine agricole entraînée par un tracteur permettant de retirer rapidement la couverture plastique coiffant le sol de certaines cultures.
Cette ferme installée en bio emploie « entre 30 et 40 salariés à l’année selon les cultures et les saisons », détaillait son créateur, Mickaël Pont, en 2021. Depuis 2009, l’entreprise n’a cessé de grandir et de se diversifier. Elle produit aujourd’hui d’importants volumes de fruits et légumes. Mais aussi du lait, de la viande et des œufs avec ses 6.000 poules-pondeuses. L’EARL alimente marchés, grossistes, restaurants, ainsi que des enseignes de grande distribution conventionnelles ou bio, dans les environs de Landerneau.
Deux mois après le décès de Clément, l’inspection du travail cherche toujours à élucider les causes de ce qui est néanmoins déjà établi comme un accident. Les règles de sécurité et d’utilisation de la machine ont-elles été respectées ? Les proches de la victime n’ont pas souhaité témoigner.
Reste que La France se classe parmi les plus mauvais pays européens en termes de sécurité au travail. En 2021, 674 décès ont été considérés comme des accidents du travail ; soit un peu plus de 3 pour 100.000 salariés, selon les données d’Eurostat. La mort de Clément vient surtout rappeler que le monde agricole est l’un des secteurs où l’on meurt le plus, avec 110 décès par an, selon le ministère de l’Agriculture. Dans un article publié en janvier 2024, Politis dénombre même « une hausse marquante de 33 % entre 2019 et 2022 ».
En Bretagne, les données les plus récentes ont été publiées par la direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets) en juillet 2022. Elles prennent en compte l’année 2018 durant laquelle 29 décès par accident du travail ont été dénombrés, ainsi que 38.075 accidents du travail « ayant occasionné au moins une journée d’arrêt ».
L’industrie agroalimentaire est désignée comme « l’un des secteurs-clés de la Bretagne, comptant 8 % du volume horaire de la région (contre 3 % au niveau national) ». Avec 3.613 accidents du travail reconnus en 2018, c’est également l’un des secteurs les plus accidentogènes.
« Derrière la fameuse « erreur humaine » se cache bien souvent une organisation défaillante ou une course au rendement qui pousse à l’accident. »
« Trente sections d’inspection ont été rayées de la carte entre 2022 et 2023. Pourtant, le nombre de salarié·es en France n’a de cesse d’augmenter », interpelle le syndicat CGT Travail emploi formation professionnelle dans un communiqué daté du 28 septembre 2023. Dans le Finistère, seulement cinq agents sont en service pour contrôler le secteur de l’agriculture et de l’agroalimentaire.
« [Une mort dans le cadre d’un accident du travail] c’est un drame qui se produit dans l’indifférence générale. À peine un entrefilet dans la rubrique faits divers des journaux locaux. L’accident mortel du travail n’est pas une fatalité, c’est un fait de société dont personne n’a conscience », analyse le Collectif familles : stop à la mort au travail. Créée en mai 2023, l’association regroupe des proches de victimes qui militent pour une meilleure reconnaissance des morts au travail sur le plan judiciaire. On y retrouve plusieurs parents bretons endeuillés, comme Isabelle Le Duault. Son fils Tom est mort en 2021 alors qu’il était employé en CDD dans l’usine de volaille LDC Bretagne, à Lanfains (22). « Il n’était pas sur le poste prévu, laissé seul et sans formation. Cela n’aurait jamais dû arriver », dénonce-t-elle.
C’est le nombre de personnes qui meurent tous les ans au travail, en région Bretagne. Soit un mort tous les treize jours.