D’une « Bretagne accueillante » à une « Bretagne à l’identité crispée » ? C’est deux terminologies ont été conceptualisées par le politologue Christian Le Bart. Selon ce chercheur, associé à Sciences Po Rennes, notre région n’échapperait plus à la bataille idéologique et culturelle menée, depuis quelques années maintenant, par la frange la plus identitaire et réactionnaire de l’extrême droite française.

Une bataille, à laquelle se greffe cet autre combat : celui d’un narratif qui voudrait faire basculer, dans l’opinion, l’idée que la Bretagne ne serait plus une « terre de résistance ». « Une crise du récit breton qui ne vient pas de nulle part », insistait Christian Le Bart, lors d’un débat, coorganisé par Splann ! et le Café des Champs libres, à Rennes, le 9 octobre dernier.

Bonnets rouges, Gilets jaunes, crises agricoles successives… « Combinées à la disparition des services publics et aux difficultés de se loger, disait encore le chercheur, tout ça fait que la Bretagne bascule vers le vote RN, même si, en juillet dernier (lors des législatives anticipées de 2024, Ndlr), aucun député d’extrême droite n’a été élu. »

Le couperet n’est pourtant pas passé loin.

Le 30 juin 2024, l’extrême droite s’est retrouvée en tête de 26 circonscriptions bretonnes sur 27. Avec une moyenne de 27 % des suffrages. Soit sept points de plus que la gauche sociale-démocrate, d’ordinaire majoritaire dans cette région.

Au second tour, le « front républicain » a joué à plein son rôle de « rempart au pire ». Mais jusqu’à quand ? C’est ainsi que Splann ! a décidé de s’associer à cette « bataille des municipales ». Un projet journalistique, associatif et citoyen piloté par StreetPress. Un site d’info qui a fait de la documentation et de la lutte contre la poussée de l’extrême droite sa ligne éditoriale.

Cette « bataille » a deux objectifs.

Grâce au travail de recherche d’Alessio Motta, docteur en sciences politiques, StreetPress a pu identifier les communes qui pourraient basculer à l’extrême droite. En partenariat, nous publions aujourd’hui une plateforme interactive qui détaille ville par ville, les risques de voir l’extrême droite l’emporter.

Et même s’il ne concerne pas la Bretagne, le résultat est glaçant : l’extrême droite pourrait l’emporter dans plusieurs dizaines de communes de l’arc méditerranéen (Narbonne, Agde, Vitrolles…) et dans de nombreuses villes du Nord (Lens, Calais, Liévin, Cambrais…).

Si elle bénéficie de scénarios favorables, elle pourrait aussi prendre d’autres mairies partout ou presque sur le territoire.

Cette cartographie doit permettre aux journalistes, militants et citoyens engagés de mieux concentrer leur énergie en priorisant les communes clés. Pour autant, il ne faut pas délaisser les autres territoires. La lutte contre l’extrême droite se mène partout et tout le temps.

La mise en ligne de cette plateforme, n’est que la première étape d’un projet de riposte. Les dernières élections législatives ont montré qu’une mobilisation citoyenne massive, combinée à des enquêtes journalistiques, pouvait empêcher l’extrême droite de gagner. C’est pourquoi nous voulons outiller ceux qui veulent s’engager.

Dans les prochaines semaines, nous vous proposerons des cycles de formations gratuits à destination des citoyens engagés, des journalistes et des créateurs de contenu. Si vous voulez nous aider à faire connaître ce projet, vous pouvez partager sur vos réseaux sociaux ou par mail cette plateforme.

Ensemble, nous ferons barrage à l’extrême droite.