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« Le plus dur reste à faire », observe en souriant Olivier Scaglia l’un des cinq coprésidents de l’Observatoire français des atteintes à la liberté de la presse (Ofalp) au lendemain de la présentation publique organisée au Dissident Club, dans le 9ᵉ arrondissement à Paris, lundi 18 mars 2024. « Mais il va y avoir des données objectivées bientôt disponibles ».
Collecter et examiner les événements repérés comme autant d’empêchements patents dans la recherche et ou la relation d’informations : voilà la mission de cet observatoire. Cela va des intimidations ou des menaces aux agressions, en passant par différentes formes d’entraves telles que les puissants procès-bâillon, sans oublier les pressions internes ou les formes d’autocensure.
En gestation depuis un peu moins d’un an, l’Ofalp s’est concrétisé à l’initiative d’une vingtaine de journalistes (exerçant dans toute la France, pour différents types de médias) partageant, d’une part, le sentiment d’une augmentation des actes portant atteinte à la liberté de la presse portés jusque dans la sphère institutionnelle et, d’autre part, le constat de l’absence d’un outil de recensement de ces actes. Aujourd’hui, l’Ofalp – constitué en association type loi 1901 – compte une cinquantaine d’adhérents répartis dans les collèges journalistes, citoyens et personnes morales.
« Nous travaillons à une infrastructure et des outils pour compter les atteintes mais aussi les classer : nous avons bâti une nomenclature avec 17 catégories. Nous avons mis en place un protocole de recensement et vérification assuré par deux groupes de travail pour que notre information soit complète, exacte et suffisamment sourcée. Notre groupe de veille sera pleinement opérationnel en avril 2024, pour travailler sur les atteintes relevées depuis janvier », détaille Cécile Dolman, coprésidente.
L’aboutissement de ce gros travail, l’Ofalp entend de matérialiser par la constitution d’une base de données qui serait, dans l’idéal, librement consultable. Mais l’Observatoire entend surtout produire un rapport annuel qui sera rendu public. « Fonction de la qualité de notre travail, nous envisageons de très officiellement le remettre à un certain nombre d’interlocuteurs. Au conseil de l’Europe, par exemple, qui a déjà mis en œuvre un dispositif d’alerte des gouvernements pour ce qui concerne la sécurité des journalistes », complète Candice Fleurance, coprésidente.
« L’enjeu de l’observatoire est aussi de rendre la profession de journaliste moins opaque, que les citoyens comprennent mieux les conditions d’exercice de la profession, les contraintes qui pèsent sur les journalistes et qui les empêchent de travailler. La liberté d’informer est le socle du droit à savoir des citoyens, c’est pourquoi l’implication de ces derniers dans l’Ofalp est capitale », souligne Virgile Miletto, coprésident.