La Bretagne concentre la majorité de la production porcine de France. Un leadership qu’un conglomérat d’éleveurs, de politiques et d’alliés parfois inattendus compte préserver contre vents et marées. À travers quatre infographies réalisées en partenariat avec La Revue dessinée, nous montrons les liens qu’entretiennent ces acteurs et les structures qui servent à défendre leurs intérêts. Une cartographie inédite et pourtant non exhaustive d’un lobby capable de tordre le bras au gouvernement.
Tout est parti pour nous de l’extension de la porcherie Avel vor, à Landunvez, dans le Finistère Nord. Depuis 2015, cette exploitation est autorisée par la préfecture à produire près de 27.000 porcs charcutiers par an. Les jugements favorables aux associations dénonçant les conséquences environnementales d’une telle production ont été sans effet.
Le propriétaire d’Avel vor s’appelle Philippe Bizien. C’est à partir de cette personnalité que nous avons remonté le fil et dessiné l’organigramme du lobby porcin. Philippe Bizien cumule en effet de nombreuses fonctions. Il est à la tête de la société Evel’Up – 2e coopérative porcine en France – et de différentes structures défendant les intérêts des éleveurs et des méthaniseurs, en Bretagne.
En 2023, il hérite d’une fonction nationale : il devient président de la section porcine de la Coopération agricole. Une puissante organisation qui défend les intérêts des coopératives auprès des pouvoirs publics et des institutions européennes.
Philippe Bizien cumule ainsi cinq mandats – donc cinq indemnités – et bénéficie d’un accès privilégié au pouvoir politique. En janvier 2024, une délégation composée des députés Renaissance Didier Le Gac et Antoine Armand, s’est rendue dans l’élevage de Philippe Bizien dans le cadre « d’une mission pour ancrer favorablement l’élevage en France ».
Les producteurs de porcs savent pouvoir compter sur le député Les Républicains de Loudéac-Lamballe (22) Marc Le Fur. Surnommé le « député du cochon », il fut longtemps vice-président de l’Assemblée nationale. Son ancien attaché parlementaire, Jacques Crolais, était directeur de l’Union des groupements des producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) jusqu’au mois dernier. Poste qu’il vient de quitter pour prendre la direction… d’Evel’Up.
Une poignée d’hommes, rarement de femmes, tient les rênes d’une filière bretonne qui produit 13 millions de porcs par an, mobilise 10.000 emplois directs, transforme les paysages et impacte l’environnement. Déroulez la pelote avec nous.