[Nouvelle enquête] « On a oublié l’humain » : la face cachée de The Land, le campus dédié à la ruralité de Jean-Marc Esnault
La Rédaction - 30 octobre 2025
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Ce devait être le dernier volet de notre enquête sur les lycées agricoles. L’ampleur de la catastrophe se percutant à l’actualité de cette institution privée catholique bretonne, nous avons décidé de vous emmener, dès maintenant, au cœur de The Land.
Un condensé de crises et de mélanges des genres, résumé par le concept fumeux de « nouvelle ruralité ».
Le lieu est aussi « hybride » que la promesse, faite aux élèves et personnels, est belle : celle de déambuler dans les travées d’un campus de sept hectares, réparti sur les sites de Rennes, La Guerche-de-Bretagne et de Vitré, en Ille-et-Vilaine. Trente unités ultramodernes, permettant tout à la fois d’apprendre, d’entreprendre, d’innover.
Parmi les incubateurs d’entreprises et autre tiers-lieux, enseveli sous de multiples effets de communication, on retrouve l’ensemble scolaire Saint-Exupéry et ses trois lycées agricoles, sous contrat avec l’État.

« Véritables parents pauvres » du concept, les lycées Saint-Exupéry vivent au rythme des errements du fondateur de The Land. Jean-Marc Esnault et ses ambitions. Une ambiance délétère, poussant à la désertion 72 salariés de droit privé, ces dix dernières années, selon les décomptes de la CFDT.
Un problème de gestion humaine, devenu un grave problème de gestion comptable. Et qui a pris les traits d’un déficit de 1,2 million d’euros, pour l’année 2023-2024, et découvert par les représentants du personnel.
Face au tollé, provoqué par ce déficit alarmant, le directeur décrié s’est vu dans l’obligation d’annuler la pré-rentrée d’août 2025.
Inédite, cette décision a réveillé jusqu’aux instances de tutelle qui ont décidé de mettre leur nez dans les affaires opaques de The Land.
Lire notre enquête
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Derrière l’affaire The Land, l’enseignement agricole – qu’il soit privé ou public – est le théâtre d’autres mélanges des genres. Plus subtils et bien plus efficaces.
Voici, résumés, les trois prochains volets de notre nouvelle enquête qui dévoile un mécanisme bien rodé, au seul bénéfice des tenants du modèle agricole intensif.
Les entreprises de l’agro-industrie s’affichent partout dans les lycées agricoles bretons : au cœur des événements qu’ils organisent, grâce aux nombreuses visites d’entreprises, et par le biais de leur communication. Un affichage qui n’est pas que de façade, puisque ces entreprises sont aussi des partenaires financiers incontournables.
Les lycées agricoles privés, mais aussi publics, peinent à enseigner l’agroécologie, ceci malgré des orientations claires des programmes et de l’inspection de l’enseignement agricole. Loin de porter les principes de l’agroécologie, leurs fermes – support et vitrine pédagogique de leur enseignement – sont la preuve d’une forte orientation productiviste et intensive. Laissant sur le bas-côté la DRAAF Bretagne, pourtant censée être garante de ces orientations.
Les subventions facultatives versées par la Région aux lycées privés agricoles sont particulièrement élevées, alors même que ces établissements ont d’autres ressources que les lycées publics et moins de contraintes. Résultat, les lycées privés sont plus compétitifs (petits effectifs, lignes de bus privés, fermes plus modernes, internats plus grands…) et attirent plus d’élèves.
Consultez notre dossier d’enquête
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Cette enquête au long cours est signée par Faustine Sternberg et Chloé Richard. David Guyon est l’auteur des dessins.
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