Pendant que l’agro-industrie tisse sa toile dans les conseils d’administration des principaux lycées agricoles privés bretons, la Région leur a alloué, ces dix dernières années, 53 millions d’euros de subventions facultatives. Un choix qui fragilise l’enseignement agricole public comme la transition vers l’agroécologie.
En Bretagne, l’enseignement agricole est une affaire privée : 80 % des 15 000 élèves sont scolarisés dans des lycées catholiques ou des maisons familiales rurales. Cette spécificité historique a permis à l’agro-industrie d’y mettre le pied, si ce n’est la jambe.
Une situation en partie liée au pouvoir de la FNSEA et de l’agro-industrie. Surreprésentés dans les conseils d’administration des associations gestionnaires de ces établissements, leurs membres ont un pouvoir important dans les décisions stratégiques. Les grandes coopératives et firmes agro-industrielles s’affichent au quotidien dans les lycées et sur les réseaux sociaux, co-organisant des événements pédagogiques et signant des partenariats avec les établissements.
Dans un tel contexte, l’agroécologie et les transitions, pourtant au programme depuis 2014, semblent rester globalement sur le banc de touche. Que ce soit dans les exploitations, support pédagogique des lycées agricoles, ou dans les salles de cours, leur investissement reste en retrait et ils valorisent, de fait, le système agricole intensif.
Cette autonomie peut conduire à des situations alarmantes. L’opacité des conseils d’administration, dans lesquels aucun représentant du personnel enseignant n’est présent, laisse peu de visibilité sur les comptes de ces établissements. À The Land, un campus basé en Ille-et-Vilaine, où le directeur et le président ont tout pouvoir, les comptes ont plongés dans le rouge, sans parler de la souffrance des équipes pédagogiques.
Ce manque de transparence n’empêche pas la Région Bretagne d’abonder largement les lycées privés, participant à des dépenses d’investissement auxquelles elle n’a aucune obligation. Et ceci alors même que l’enseignement public agricole souffre d’un manque d’attractivité, d’investissement et de moyens.






